L’objectif du très haut débit pour tous à un horizon 2025, permet d’identifier une cible à atteindre, mais cette échéance ne permet pas de répondre aux attentes de tous les territoires.
La légitime logique économique des opérateurs privés les conduit à planifier la couverture des communes ayant les prises FTTH les moins couteuses puis de l’étendre d’ici 10 ans à une zone équivalente à 57% de la population (AMII – avril 2011). Au-delà, les critères de rentabilité ne sont plus compatible avec les contraintes financières qui s’imposent aux entreprises cotées.
Les territoires préoccupés par les enjeux liés à l’arrivée de la fibre optique, s’interrogent tout d’abord sur la fermeté des intentions déclarées, le respect du calendrier, la solidité des engagements financiers, les dates de commercialisation, le niveau tarifaire envisagé , la desserte des entreprises en ZA. Autant de point qui devront prochainement être précisés dans le cadre de recommandations proposés par des associations de collectivités.
Quand bien même ces intentions seraient respectées, le cheminement des opérateurs télécoms, dicté par les contraintes économiques, conduit à un morcellement du territoire. Il sera déstructurant pour les aménageurs qui s’emploient depuis des décennies à harmoniser leurs bassins de vie. Les collectivités investissent à un horizon d’au moins 30 ans sur des périmètres a minima de type SCOT et au-delà département et région.
Dans ce contexte, certaines collectivités veulent maîtriser rapidement et globalement l’arrivée du THD (délais, neutralité, transparence, coordination des projets publics du territoire …) pour l’attractivité économique, l’aménagement équilibré et la qualité de vie. Tous les territoires ne peuvent pas agir de façon aussi massive et garantir une couverture rapide pour tous.
C’est pourquoi, l’arrivée du FTTH peut être pensée par étapes et pistes complémentaires ciblées. La phase intermédiaire avant l’arrivée à terme de la fibre dans les foyers, doit se faire par une panoplie d’approches combinant, la mutualisation (fibrer les NRA, les points hauts, les zones d’activités …), la pérennité (locaux techniques NRA ZO ou MED, collecte fibre réutilisable par le FTTH..) et la propriété publique de ce qui est financé par fond public.
C’est dans cette logique qu’est apparue la notion technologique de « Montée En Débit », une approche de bon sens qui consiste à faire là où cela est techniquement efficace, bénéficier d’un meilleur service DSL. Toutefois, la montée en débit n’est qu’une « première piste », utile sur la route du très haut débit. Ce n’est pas la solution universelle (risque de désillusions : délais, coût sans revenu, contraintes techniques).
Elle doit être utilisée de façon ciblée en veillant à la pérennité de chaque euro public investi. Une « deuxième piste », ressort du retour terrain, l’extrême appétence des clients pour le FTTH dans les territoires mals desservis en haut débit. Les expérimentations FTTH rural (SIE Ain, Chevry Cossigny, Aumont Aubrac …) montrent que 60% des foyers pré-souscrivent à la future offre FTTH.
C’est un signal fort donné aux politiques. Alors même qu’à Paris près de 5 ans après le lancement du déploiement FTTH moins de 5% des foyers y ont souscrit, les usagers que certains nomment les « crèvent la faim du haut débit » veulent passer à la fibre optique.
Le ciblage des zones mals desservies est donc un élément qui peut guider les territoires pour aménager en priorité les zones à l’écart et les traiter en priorité. Il faut le faire de façon raisonnée et structurée car toutes les configurations d’habitats ne s’y prêtent pas aussi facilement que les bourgs ruraux.
Une « troisième piste », consiste à rapprocher de tous le très haut débit en maillant un territoire de façon structurante par l’ouverture de Tiers lieux équipés en très haut débit permettant de proposer à tous, de bénéficier des services rendus possibles par la fibre, à moins de 15 à 20 min de chez eux. Ces « tiers lieux » constitués de divers sites préexistants, seraient valorisés par leur mise en réseaux et aménagés pour rendre accessibles des ressources et services partagés (accueillir des salariés télétravailleurs, des agents publics, des guichets multiservices, des services d’EPN …).
Ces établissements pourraient être des « télécentres ou maisons de services de proximité » équipés à un horizon rapide (3 à 5 ans) et constituer un maillage homogène structurant des territoires (étape vers le FTTH). Une « quatrième piste » plus classique mais incontournable consiste à cibler les sites publics et privés clés d’un territoire (Santé, éducation, formation, sécurité, transport, tourisme … et les zones d’activités prioritaires) en veillant à ce que leur desserte permette de constituer un maillon de collecte du futur réseau THD pour tous. Ces différentes pistes sont donc des opportunités à explorer et assembler.
Il s’agit pour chaque territoire de disposer d’un cheminement adapté permettant entre autre de repenser à son échelle la question de l’accessibilité aux services. La question du THD ne saurait donc être réglée par la seule combinaison de deux actions l’une privée concernant la couverture FTTH de 10% des communes et l’autre par le financement public des technologies de montée en débit dans le reste du pays. La France malgré un retard (moins de 1% d’abonnés au FTTH contre 20 à 30% dans les pays les plus dynamiques) peut rapidement tirer les fruits du très haut débit si une fois les démarches de SCORAN et de SDTAN abouties, les projets territoriaux peuvent contribuer au développement d’infrastructures numériques structurantes simultanément aux projets privés.
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