Il est désormais établi que les Objectifs de Développement Durable (ODD) et les indicateurs associés sont d’excellents repères afin de prioriser nos actions pour les 10 prochaines années. En 2030 il faudra tirer les leçons et faire un bilan afin de réajuster les indicateurs des ODD. (1)
En 20 ans, les technologies se sont imposées dans nos modes de travail, nous sommes en majorité équipés d’ordinateurs et surtout de smartphones devenus de véritables couteaux suisse des technologies. Les avantages qu’ils offrent ne sont plus à démontrer mais les perspectives d'innovation sont elles colossales.
Bien sûr le numérique de manière générale est indubitablement un levier et un accélérateur puissant sur les projets ou programmes de développement, en Afrique, et particulièrement dans toutes les grandes thématiques du développement que sont l’éducation, l'énergie, l’agriculture, l’eau, l’entrepreneuriat, la protection de l’environnement, la mobilité.
Les GAFA optimisent sans cesse leurs algorithmes et se placent en opérateurs maîtres des données. La révolution est en cours sur les plateformes de services et l’intelligence artificielle, la blockchain ou les monnaies électroniques sont désormais les indispensables outils à déployer. Il faut anticiper des moyens durables afin de financer, former et déployer les innovations tout en imaginant comment alimenter en énergie ces technologies et les données qu'ils génèrent mais aussi en démocratiser les usages (ODD7) et établir des modèles de gouvernance (ODD 16 et 17).
Une grande partie des acteurs, qu'ils soient bailleurs de fonds, états ou opérateurs s’accordent sur le fait que le numérique est un allié précieux mais nous accusons aussi un retard car deux freins majeurs persistent, ils sont :
Il faut accroître les soutiens aux programmes de formations avec agilité. C’est complexe mais indispensable. Edtech, codage, nocode, campus technologique, inclusion du numérique dans les cursus scolaires sont des solutions, y intégrer la compréhension des ODD serait un atout supplémentaire. Non seulement il permet de lier les actions à des objectifs mais également de mettre du sens dans les actions de ceux qui agissent.
Bien souvent je vois des formations ou des technologies mises en œuvre en Afrique, mais inadaptées localement car incompatibles avec l’écosystème culturel ou économique local. Ajoutez à cela des applications ou systèmes dont les mises à jour refondent littéralement les interfaces et vous avez la recette d’un échec redoutable.
La solution viendra en partie de l’essor des HUB du numérique. Ils étaient 60 en 2017 et 750 en 2021. Ces HUBS ou tiers lieux du numérique feront de plus en plus le relais entre les porteurs d'initiatives ou startups et les potentiels bailleurs et investisseurs. Des HUB qui pourraient développer des labels de conformité en adéquation avec... les ODD !
Les ODD sont interconnectés. Prenons l’ODD 9 “Industrie innovation et infrastructure”. “Accroître nettement l’accès aux technologies de l’information et de la communication et faire en sorte que tous les habitants des pays les moins avancés aient accès à Internet à un coût abordable d’ici à 2020”.
Il est donc indispensable de développer de la transversalité entre les actions et surtout s’aligner dans une logique commune de développement. Il m’est souvent demandé sur les programmes utilisant des nouvelles technologies en Afrique pourquoi tel ou tel projet ne s’inspire pas de ce qui est déjà fait ailleurs, et bien c’est justement à cause de ce non-alignement. Les développements de programmes agissent en dispersion sans respecter les indicateurs présents, ou parfois en utilisant des éléments de langage distincts.
Les Objectifs de Développement Durable (ODD) permettent donc d’anticiper et d’avoir une vision plus claire sur les stratégies à adopter mais aussi sur les axes de développement. Ils permettent également de définir des piliers dans les tailles de projets. Les nanos, qui sont les plus petits, les intermédiaires : les micros et les mésos et enfin les macros, qui définissent souvent les projets d’infrastructures. Ils se distinguent par trois indicateurs clés : le coût, la vitesse de déploiement, et l’impact.
La société Tactis qui œuvre en France et en Afrique dans le conseil en infrastructures et en services, a porté avec un financement français et la mairie de Kigali un projet de déploiement d’une application de signalement pour les citoyens de la ville et un système intelligent de capteurs de pollution fixe et mobile.
Dans le cadre de cet ambitieux projet qui a été mis en exergue lors de la visite historique du Président Emmanuel Macron au Rwanda en mai 2021, il est question de permettre aux citoyens avec une application intuitive et gratuite de signaler un dysfonctionnements comme un éclairage défaillant, une intervention sur la voirie, un accident, un danger, une pollution, un dysfonctionnement quelconque. Une liste de cas propose au citoyen de signaler en décrivant avec du texte dans l’application et d’y ajouter une géolocalisation et une photo.
L’innovation va permettre aux agents de la mairie de répondre aux sollicitations des citoyens avec leurs terminaux mobiles et une plateforme de centralisation des datas. Les agents vont répondre aux citoyens, programmer une intervention et rendre compte du résultat avec une photo et une description de ce qui a été fait ou ce qui est prévu, dans quelles conditions et dans quels délais.
Idem avec le système de capteurs de pollution ou les données vont définir les endroits les plus impactés avec des algorithmes d’analyse d’heures de trafic, de niveau de pollution, d'altitude de la pollution, permettant ainsi de réagencer les quartiers, la circulation, l'emplacement des marchés pour par exemple moins les soumettre aux désagrément de la proximité du trafic tout en optimisant la logistique.
Deux points fondamentaux sur ce projet innovant et ambitieux :
Avec la prise en compte et donc de conscience de l’ODD 17, nous sommes avec ce projet sur de nombreux indicateurs comme le 17.19 "Construction d’indicateurs de développement durable". D’ici à 2030, tirer parti des initiatives existantes pour établir des indicateurs de progrès en matière de développement durable qui viendraient compléter le produit intérieur brut, et appuyer le renforcement des capacités statistiques des pays en développement.
Les sociétés sont bouleversées par les crises économiques et sanitaires, l’impact est réel, tant pour les pays industrialisés que ceux en voie de développement. De nombreux experts des civilisations ou de l’environnement évoquent régulièrement les défis auxquels nous allons de plus en plus être confrontés. C'est ce qui vient d'être fait dans le dernier rapport du GIEC.
Dans les solutions réalistes mais à grande échelle il me semble évident que savoir fédérer des pans de sociétés et donc des états est plus que jamais nécessaire. Il faut une vision commune, un monde durable bâti dans le cadre de cette troisième révolution industrielle, celle des nouvelles technologies.
Les citoyens avec les HUB en Afrique, les bailleurs de fonds dans le financement de l'innovation et les entreprises expertes dans les projets complexes comme Tactis sont des maillons incontournables de cette révolution.
(1) la liste des ODD est consultable sur le site des Nations Unies
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