Stéphane Lelux, Tactis : « L’absence de mutualisation entre les opérateurs bloque le développement du très haut débit en France »
En cette fin d’année 2013, nous jetons un oeil sur l’analyse que Stéphane LELUX faisait sur les enjeux de la fibre optique en juin 2008. Il aborde notamment les enjeux de mutualisation des réseaux avec l’arrivée de la fibre optique dans l’accès (FTTH). cette analyse est plus que jamais d’actualité en 2013-2014 aussi bien pour le déploiement des réseaux fixes que les réseaux mobiles (3G, 4G …) en France et dans le monde.
Interview par Philippe Leroy | Lundi 09 Juin 2008 IT Plex Vidéo : Président du cabinet de conseil stratégique Tactis, Stéphane Lelux est un des meilleurs spécialistes de la fibre optique. Il passe en revue les enjeux du déploiement de la FTTH en France : la bataille entre les opérateurs, le rôle de la loi et du régulateur, l’impact sur le développement économique.
Stéphane Lelux, Tactis : « L’absence de mutualisation entre les opérateurs bloque le développement du très haut débit en France » – interview Stéphane LELUX – Président de TACTIS – juin 2008
« La création d’un réseau très haut débit se situe à un moment charnière de l’histoire des télécoms » explique Stéphane Lelux. Lors de l’IT-Plex du 20 février dernier, Gabrielle Gauthey, membre du collège de l’Arcep, parlait d’un enjeu aussi important que l’électrification du territoire.
On comprend mieux dès lors la bataille rangée qui oppose les acteurs engagés dans cette « bataille du FTTH ». Le réseau très haut débit représente l’avenir économique du secteur. Au coeur de la mêlée, France Télécom est accusé par Free de vouloir recréer un monopole en compliquant l’accès aux fourreaux à ses concurrents. Une accusation reprise à son compte par l’association UFC-Que Choisir. Pas plus de 300 000 foyers raccordables (pour mémoire chiffres au moment de l’interview en juin 2008) Si les quatre opérateurs engagés – Orange, Free, Neuf et Numéricable – multiplient les déclarations sur le potentiel de clients sur ce marché naissant, le nombre de foyers raccordables jusqu’au domicile se situe aujourd’hui entre 200 000 et 300 000 quand le nombre d’abonnés dépasse à peine les 10 000. Autre aspect qui complique le développement du réseau en fibre optique : tous n’ont pas adopté les mêmes technologies pour des raisons de coût. Rôle de l’Etat « 75 % du coût de construction du réseau de fibre, c’est le génie civil » détaille Stéphane Lelux. Il est donc primordial de fixer les règles du jeu pour accéder aux infrastructures. L’Arcep vient de lancer une consultation en ce sens et la loi de modernisation de l’économie, actuellement en lecture à l’Assemblée nationale, inscrit le déploiement de la fibre optique comme un axe majeur pour développer l’économie française. L’implication de l’Etat sera-t-il un élément suffisant pour débloquer le dossier ? « On peut espérer que ces questions seront réglées à la fin 2008 » estime Stéphane Lelux Quels enjeux économiques ? « La fibre optique peut contribuer à créer 200 000 emplois directs dans les services numériques », analyse le président de Tactis. A condition que le développement de la fibre optique ne se cantonne pas à une opposition entre les opérateurs privés. Les collectivités locales ont un rôle à jouer dans ce domaine en finançant des réseaux de fibre ouverts et en proposant leur accès aux TPE et PME qui souhaitent proposer des services divers : informatiques, télémédecine, etc.