Comment le LIFI a-t-il été inventé ?
Les ondes radioélectriques ne sont qu’une partie du spectre qui peut transporter nos données. Et si nous pouvions utiliser d’autres ondes pour surfer sur Internet ?
Le physicien allemand, Harald Haas, a mis au point une solution qu’il appelle «données à travers l’éclairage » en envoyant des données à travers une ampoule LED qui varie en intensité plus vite que l’œil humain. C’est la même idée que la télécommande à infrarouge, mais beaucoup plus puissante. Cette technologie consiste à insérer un microchip dans la lampe LED connectée à une source de transmission de collecte amont (soit fibre optique, CPL ou DSL …).
Harald Haas veut transmettre des données sans fil depuis chaque ampoule électrique : « Cleaner, greener, bright … »
Présentation à la conférence TED d’aout 2011 par Harald Haas (pioneer behind a new type of light bulb that can communicate as well as illuminate – access the Internet using light instead of radio waves) – vidéo de la première présentation mondiale de la technologie LIFI en Aout 2011.
Présentation de la société pureVLC
Site de la startup Française OLEDCOMM née du labo d’ingénieurs de l’université de Versailles Saint-Quentin, qui produit entre autre des appareils Li-Fi / VLC de géolocalisation intérieure avec le support de Philips.
Haas dit que son invention, qu’il appelle « D-Light », peut produire des débits de données supérieurs à 10 mégabits par seconde (plusieurs pilotes fonctionnent à 150 Mbit/s). Il imagine un avenir où les données pour les ordinateurs portables, les smartphones et les tablettes sont transmises par la lumière dans une pièce. Et de la sécurité serait renforcée, si vous ne pouvez pas voir la lumière, vous ne pouvez pas accéder aux données.Une multitude d’applications sont possibles pour cette technologie, depuis l’accès public à Internet par le biais de lampadaires aux voitures qui communiquent par leurs phares. Le LIFI pourrait faciliter les transmissions des données sans fil à travers le spectre du visible en apaisant les craintes de certains usagers vis à vis des ondes électromagnétiques.
Le LIFI : une technologie au service de la Smart City ?
Dans une vision exploratoire de la Smart City, le LIFI pourrait être utilisé dans certains zones par l’éclairage public urbain, les transports publics (métro, trains, avions …) mais aussi les environnements médicaux ou industriels où les communications wireless radio sont perturbées et/ou dangereuses.
Des atouts, mais aussi des inconvénients :
– Paradoxe si LIFI est économe en énergie car utilise l’éclairage et ne consomme que très peu d‘énergie supplémentaire => il ne fonctionne que si la lumière est allumée, même faiblement, mais doit être allumée… ce qui limite l’usage dans des espaces publics !
– Le LIFI a un potentiel de transmission théorique très supérieur (x10 000) au sans fil radio : valorise le spectre de Lumière versus le spectre électromagnétique Radio : Le spectre de la lumière visible est 10 000 fois supérieures au spectre des ondes radios par la Technologie « LED / SIM OFDM » de transmission de données.
– Le LIFI est mono-directionnel (on ne peut que recevoir et pas émettre vers le capteur LIFI) l’interactivité est donc impossible sauf en le couplant avec une autre technologie (ex CPL, WIFI….) ce qui limite son développement : Un peu a l’instar des premières technologies satellitaires (désormais bidirectionnelles) les terminaux ou objets connectés des usagers ne peuvent pas émettre. Il interdit donc toutes applications transactionnelles ou qui nécessitent d’envoyer des flux vers le réseaux (envoi d’email, connexion type VOIP, messagerie instantanée, connexion à un domaine professionnel ou personnel …).
Les usages du LiFi sont, du coup, limités à la diffusion pure de signal quand aucune remontée n’est nécessaire. Par exemple la géolocalisation à l’intérieur d’un bâtiment ou pour des services de type broadcast (téléchargement d’applications, de documents, de contenus médias, visualiser des flux vidéo HD …) en « poussant » des contenus vers une tablette, un smartphone … dans toutes les pièces de la maison, dans les chambres d’hôtels, dans un lieu professionnel, dans un espace commercial, pour l’accueil d’un service public ou lors de la visite d’une exposition.
– Le LIFI offre un niveau de sécurité original et supérieur : le flux de données n ‘est accessible que dans le « faisceaux direct » de lumière a la différence des ondes radios qui circulent de façon moins contrôlables
– Le LIFI n’est qu’une technologie des derniers mètres : Il nécessite de déployer un réseau de collecte derrière les « lampes LED », c’est une énorme infrastructure de collecte à établir. Plusieurs pistes pourraient coupler CPL et LIFI dans les réseaux d’éclairage public.
– Le LIFI nécessite de changer le parc des lampes actuelles par des LED compatibles LIFI : 14 Milliards d’ampoules dans le monde. C »est un énorme marché, mais il ne faut pas arriver trop tôt ou trop tard comme pour toute innovation, il faut ouvrir la réflexion dès la conception d’un éclairage d’un bâtiment, d’un quartier, d’un moyen de transport, d’un espace public (station de métro …) … !
=> Dans une 1ère génération le LIFI pourrait cibler des applications industrielles ou des espaces spécialisées : ciblés au départ (gare, métro, train, tunnel, aéroport, avion, hôpitaux, usines, musées, centres de congrès ou d’expositions …).
Ce n’est pas en 2014 que le wireless radio (WIFI…) sera remplacé par le wireless lumière mais à 5 ou 10 ans, cette technologie pourrait venir compléter notre panoplie d’outils d’accès « sans fil » et notamment dans le domaine du « broadcast » de proximité (diffusion de flux tres haut débit dans des espaces dédiés ou modulaires).
L’enjeu industriel le plus important reste celui de convaincre les fabricants de devices (smartphone, tablettes, objets connectés …) d’équiper de base en LIFI leurs produits. Sans l’effet de taille critique du parc de terminaux doté d’interfaces compatibles avec le LIFI, cette technologie pourrait rester cantonnée à des univers très industriels professionnels ou des « niches » de marché très ciblé comme c’est le cas pour CPL (Courant Porteur en Ligne) qui au début des années 2000 était positionné comme concurrent de l’ADSL pour l’accès internet à domicile. Mais, son marché a été réduit à la portion congrue de « distribution interne » aux bâtiments et notamment des logements en support ou complément du WIFI. Le CPL pourrait retrouver un second souffle avec la diffusion massive des compteurs intelligents électriques dans le cadre des évolutions « smartgrid » (en France notamment 35 millions de compteurs Linky équipés en CPL d’ici 10 ans). L’avenir du LIFI est donc incertain mais c’est une technologie complémentaire à celle qui existe.
Ce qui a fait le succès du WIFI c’est avant tout son adoption par les industriels des devices du monde entier et la production de chipset intégrant le WIFI à un coût dérisoire. C’est certainement le défi majeur de cette nouvelle technologie sans fil !
Pour relever ce défi et les autres, les acteurs promoteurs du LIFI se sont organisés au sein du LIFI Consortium.
Consortium Li-Fi pour promouvoir cette innovation
Les membres fondateurs du consortium Li-Fi sont d’entreprises technologiques internationales et des institutions de recherche spécialisées dans les technologies de communication optique.
Le groupe est basé sur un concept élaboré collectivement et feuille de route pour mettre en place une nouvelle technologie sans fil sur le marché qui dépasse les capacités et les qualités du Wi-Fi.
Le Consortium Li-Fi a plusieurs objectifs :
- Promouvoir l’état de l’art des technologies de communication optique sans fil et des solutions auprès des investisseurs financiers, des institutions publiques et du grand public;
- Informer les acteurs intéressés pour développer la technologie et la financer;
- Créer et développer des solutions complètes et des applications par anticipation des besoins clients;
- Assurer la coordination avec les groupes de normalisation et autres organisations du secteur de fournir aux clients OEM avec un ensemble complet de techniques et de marketing.
Un représentant de chacun des membres fondateurs du Consortium Li Fi constituent le comité de pilotage. Leur rôle est de développer et de gérer la portée et l’orientation des technologies, des applications et des relations pour remplir la mission du Consortium.
Le comité directeur se compose actuellement de représentants des membres fondateurs cinq :
- Fraunhofer IMPS, Allemagne – Frank Deicke
- IBSENtelecom, Norvège – Walter Kraus (président)
- Suprême Architecture, Etats-Unis, Israël – Josef Shwartz
- TriLumina, Etats-Unis – Rudi Wiedemann
Le Consortium Li-Fi est encouragé à construire du matériel promotionnel et des outils, y compris le site Web, des livres blancs, des liens, des communiqués de presse, articles, etc qui servira de sa mission officielle.
Une fonction clé du Consortium Li-Fi est d’établir et maintenir une relation de travail avec d’autres organisations, qui peuvent aider à créer un environnement de maturité de l’industrie pour les implémenter.
Octobre 2013, la Chine entre dans la bataille du LIFI !
En octobre et novembre 2013, selon l’agence chinoise Xinhua la scientifique Mme Chi Nan, de l’université de Fudan Shanghai, a mené une expérimentation et présenté un pilote LIFI lors de l ‘exposition « China International Industry Fair » de Shanghai (5 – 9 nov 2013). Les vitesses de connexion de données testées atteignent 150 Mbps en utilisant un petit nombre d’ampoules LED chacune d’un watt . »Avec une ampoule LED plus puissante, nous pouvons atteindre 3,5 Gbps vitesses « . Le routeur et le récepteur sont équipés d’ampoules LED afin de permettre d’émettre et recevoir des données.
Selon le Professeur Chi Nan «Il y a encore beaucoup de problèmes qui doivent être résolus « , soulignant la nécessité d’améliorer la couverture Li-Fi , et miniaturiser les composants nécessaires . Au fil du temps , cependant , le récepteur Li-Fi pourrait éventuellement prendre la forme d’ un « dongle USB » qui se fixe à un ordinateur portable. Chi Nan estime qu’il faudra cinq ans pour que la technologie puisse entrer sur le marché de grande consommation. Jusqu’à présent, son équipe a passé environ 18 mois sur le projet.
Décembre 2013, point sur la recherche Li-FI en UK : EPSRC’s Ultra-parallel visible light communications (UP-VLC) project
Dernières avancées concrètes du LIFI par des chercheurs des universités d’Oxford, Cambridge, St Andrews, Strathclyde et de l’université d’Edimbourg (article source) et vers le site de recherche ( EPSRS site).
Le Li-fi comme alternative au Wifi ? Ces chercheurs en sont convaincus en réussissant à obtenir un débit sans fil supérieur à 10 Gbit/s : 250 fois plus rapide que les débits maximum disponibles chez les particuliers. Ils ont pour cela fait le choix d’utiliser des ondes lumineuses plutôt que les ondes radio, sur lesquelles fonctionne le Wifi.
Plusieurs projets de recherche existent déjà dans ce domaine, en lumière continue ou discontinue. Un des paramètres principaux influençant les débits de données obtenus et la fréquence de commutation de la source de lumière utilisée.
Les LED et les lasers sont parmi les sources ayant les fréquences de commutation les plus élevées, permettant d’obtenir les meilleures performances de transfert de données dans le domaine, mais constituant un véritable défi de stabilité au niveau du protocole de communication entre l’émetteur et le récepteur.
C’est précisément cette difficulté que les activités de recherche du projet Ultra Parallel Visible Light Communications, géré de manière conjointe par les universités d’Oxford, Cambridge, St Andrews et Strathclyde, et financé par l’Engineering and Physical Sciences Research Council (EPSRC, conseil de recherche en ingénierie et sciences physiques) ont récemment réussi à surmonter.
Chaque LED utilisée dans ces conditions est capable de générer un débit supérieur à 3 Gbps, les chercheurs ont donc réussi à coupler 3 LED différentes et à les faire fonctionner en simultané pour atteindre le débit pharamineux de 10 Gbps.
quelques liens en anglais sur le LIFI :
TECH RADAR, 28/11/13: Li-Fi researchers smash through 10Gbit/s data barrier using LED light bulbs.
THE INDEPENDENT: 28/11/13, Li-Fi revolution: internet connections using light bulbs are 250 times faster than broadband.
Janvier 2014, Premier Smartphone équipé LIFI présenté au CES à las Vegas par la société Française SunPartner :
La société française SunPartner présente le Wisyps Connect, un revêtement compatible LiFi. L’idée est simple : le revêtement est capable de capter la lumière pour transmettre les données au smartphone, mais aussi — la spécialité de SunPartner — recharger l’appareil. Wysips Crystal est un revêtement photovoltaïque capable de transformer la lumière en énergie utilisable par le téléphone.
Il ne s’agit pas d’un produit fini mais d’un prototype puisque SunPartner utilise un smartphone de milieu de gamme déjà commercialisé pour faire la démonstration de Wysips® Connect. Cette présentation est destinée à séduire les opérateurs de la téléphonie mobile et les convaincre de passer au LiFi.
La société indique avoir signé avec trois constructeurs pour proposer des smartphones compatibles LIFI dès cette année 2014, dont le fabricant chinois TCL, qui propose des smartphones sous la marque Alcatel One Touch. L’intégration du LiFi est à ce stade complémentaire avec le Wi-Fi ou la 4G.
Depuis début 2016, des rumeurs prêtent à APPLE des intentions d’installer le LIFI dans ses smartphone. A l’origine une ligne de code de « IOS 9.1 » qui ferait référence à une « LIFI Capability ». Toutefois, de là à imaginer le prochain smartphone de la firme de Cupertino avec le LIFI il y a un univers. Ce passage dans les terminaux grands publics type est un enjeu de taille de marché pour la technologie LIFI. Sans ce passage elle pourrait être cantonnée à des applications professionnelles durant de nombreuses années voire ne jamais franchir ce cap.
OLEDCOMM Startup Française présente le LIFI à Las Vegas
ci dessous visualisez la vidéo de la présentation du LIFI par OLEDCOMM.
Fin 2015, une multiplication de sites pilotes notamment en France et en Europe :
Sogeprom, une filiale de la Société Générale, a bien voulu servir de cobaye et un prototype de luminaire Li-Fi a été installé dans ses bureaux, à la Défense.
L’hôpital de Perpignan est le premier établissement de santé à en avoir testé le LIFI dans un service d’Urgences . Le réseau permet l’accès aux dossiers des patients.
La SNCF étudie depuis 2012 la possibilité d’utiliser la liseuse au dessus de chaque siège dans les wagons SNCF pour transmettre par un signal Li-Fi des informations aux voyageurs : régions visitées, horaire d’arrivée, perturbations du trafic …
Dans les rues, installé sur les lampadaires, le Li-Fi transforme l’éclairage public en « smart lighting » (éclairage intelligent). Une seule ville en France a inauguré un réseau Li-Fi public : la petite commune de Meyrargues, en région PACA, qui compte moins de 4.000 habitants . Dans les gares, le Li-Fi pourrait être utilisé comme balise GPS pour d’aider les malvoyants .
Toutes ces premières applications montrent que le LIFI se positionne plus en complément qu’en substitue du WIFI. Il est actuellement couplé au WIFI ou Bluetooth pour assurer la « voie remontante » (du terminal usager vers le réseau).
Toutefois des premières tentatives de « up load » apparaissent depuis 2015.
Vers un LIFI « bidirectionnel » ?
Un constructeur (Pure Lifi) avec une offre « Li-1st » a technologie n’offre cependant pas les mêmes performances environ 11,5 Mibt/s sur le cumul débit ascendant/descendant. Soit 5 mbit/S utile Upload et 5 mbit/s dowload.
1ère Expérimentation LIFI Bidirectionnel par LUCIBEL en FRANCE : 2016 (source RT Flash)
Un prototype de luminaire bidirectionnel et haut débit, ou Li-Fi, développé par la société française Lucibel, a été testé au siège du constructeur immobilier Sogreprom à la Défense.
Pour le directeur de projet Li-Fi de Lucibel (Edouard Lebrun)« C’est une première en Europe. Jusqu’à maintenant, les solutions proposées étaient unidirectionnelles avec un flux descendant ». La SNCF ou encore le Louvre ont ainsi testé des solutions de ce type. Lucibel veut proposer une alternative au Wi-Fi.
Pour le moment, la solution testée atteint un débit descendant de 10 Mbits/s et un débit montant entre 5 et 10 Mbits/s, suivant l’état du réseau local. Le luminaire doit être raccordé au réseau local Ethernet.