Tectonique du marché français télécom épisode IX: le couple SFR/Numericable fait peur à Free et Orange dans les zones denses…
Depuis que le conseil de surveillance de Vivendi a tranché en avril dernier pour Numericable, le landernau telecom français est entrée en plein ébullition.
Face à la fusion SFR et Numericable, Orange, Bouygues Telecom et FREE sont condamnés à réagir !
Illustration article de la tribune du 20 mai 2014 : les concurrents de Numericable/SFR s’unissent dans la bataille Les concurrents du câblo-opérateur critiquent la qualité du débit de son réseau et son régime dérogatoire, alors que le rachat de SFR pourrait changer la donne du déploiement du très haut débit en France.
Pour Orange, il devient impératif de reprendre la main sur les zones denses
Orange engage donc une accélération de la diffusion de ses offres liées à la technologie FTTH. L’objectif est d’anticiper les effets de la fusion SFR/Numericable qui bénéficiera du mariage de la marque SFR et de son parc d’abonnés mobiles avec le réseau câblé qui offre les potentialités de la technologie FTTLA (très haut débit sur le câble) plus performante que celle de l’ADSL notamment pour la diffusion de multichaines HDTV avec un niveau de qualité du codage. La zone d’emprise du « câble » correspond à environ 93% des 3500 communes ciblées par le projet d’Orange en zones denses. De facto, Orange va concentrer ses efforts durant les prochaines années sur cette zone qui sera l’objet des batailles commerciales les plus intenses.
Pendant, ce temps, les zones rurales risques d’être victime d’un reflux d’investissements de la part de ces mêmes acteurs privés !
Illustration lors de l’audition de Stéphane RICHARD devant le SENAT (tweet du Sénateur Bruno RETAILLAU – Audition 20 mai 2014 – de S Richard au Sénat, #Orange pourrait prioriser l’investissement dans les zones câblées! Il y a urgence à réévaluer le plan #THD)
Pour Bouygues Télécom, la course à la taille critique lui impose une fusion
Face à l’échec de son offre de fusion avec SFR, Bouygues Télécom se retrouve affaibli et ne peut que faire monter les enchères pour essayer de sortir avec le moins de dommage possible de cette situation. Deux options s’offrent à lui un acteur français (Free ou Orange) ou un acteur étranger (Telefonica, DT, KPN …). L’hypothèse d’un acteur étranger semble incertaine d’autant que le marché français reste très concurrentiel mais n’est pas impossible, resteà voir comment les autorités nationales pourraient accepter une telle option !
L’option la plus efficace serait sans doute le mariage avec Free mais les relations entre les deux acteurs sont loin d’être apaisées et la situation dans laquelle Bouygues Telecom se trouve est liée à l’arrivée du 4ème opérateur dans les mobiles. Donc le mariage de raison n’est pas simple à faire aboutir. Pour autant les compétences en matière de réseau mobile seraient très utiles à FREE qui ne fait que de débuter le déploiement de son réseau. Pour Bouygues la bataille va lui couter cher si le statu quo persiste, donc tout milite pour une sortie rapide, mais l’incertitude domine !
L’option ,Orange reprenant Bouygues Telecom semble très risquée aussi bien du côté des autorités de la concurrence que sur le plan social. Les effets de doublons seraient au maximum. Orange n’aurait que les abonnés à conserver … peut etre un accord à trois avec Free pour la reprise des fréquences seraient alors envisageables comme celle initialement envisagées lors de la bataille pour SFR. Il s’agirait alors d’un dépeçage de Bouygues Télécom.
Pour Free, le risque de perdre le leadership sur l’innovation et les zones très denses l’oblige à renforcer sa taille, accélérer son passage sur un réseau mobile en propre et préserver ses clients en zones très denses avec si possible le DSL et ensuite le partage de la fibre avec orange
Free qui joui d’une image de trublion innovateur risque de perdre une part de ses atouts si il n’arrive pas à contrer des offres couplant les atouts du câble et du mobile 4G de SFR. Pour cela depuis qu il a fortement réduit ses investissements dans la fibre, FREE joue sur plusieurs armes réglementaires (menaces sur l’accès partagé aux ressources du réseau câblé …), fiscales (pointant les différences de statu du câble avec celui des réseaux ADSL …) et techniques (en dénonçant la piètre qualité du câble). Cette agitation montre combien le risque est sérieux pour l’opérateur qui en zone urbaine très dense est actuellement en position de leader 1er FAI en part de marché). C’est en effet, FREE qui a le plus à perdre en cas d’érosion du parc des abonnés fixes/mobiles dans ces zones avec l arrivée d’une offre SFR couplée au câble.
FREE qui est le petit dernier des opérateurs mobiles doit impérativement gagner en taille si il ne veut pas devenir trop vite isolé des grandes manœuvres entre SFR et Orange. Sa dépendance à Orange pour le Mobile mais aussi pour le réseau fixe lui impose de regagner de l’autonomie dans le mobile rapidement pour mieux renforcer ses liens dans le fixe où il est condamné avec Orange à une entente sur la fibre face à SFR et le câble.
Pendant ce temps les territoires ruraux risques d’être à la peine !
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